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11 janv. 2013

Celle à qui on ne parle jamais








Il y a 5 ans lorsque je suis venue m'installer dans ma ville actuelle  c'était la première rentrée de mon fils Evan, je me souviens d'abord de cette petite excitation le matin puis d'un peu de tract de rencontrer, pour ma part, d'autres mamans.

Avant d'aller jusqu'à l'école je me souviens mettre arrêtée à la boulangerie pour acheter quelques viennoiseries et je l'ai vue cette maman avec son petit garçon. Nous avons alors échanger quelques banalités et puis nous avons pris le chemin ensemble vers l'école.

Elle m'apprenait alors que son petit garçon faisait aussi sa première rentrée et qu'elle était maman de 4 autres enfants (wahou) bref, je me suis étonnée de n'en voir qu'un seul et j'en ai déduit que les autres devaient d'être peut être au collège puis sans en avoir eu le temps d'en savoir un peu plus, nous nous sommes séparés devant les grilles.

Les jours ont suivi et je rencontrai fréquemment cette femme à la boulangerie et avions pris l'habitude de marcher ensemble.

Et puis un jour je ne l'ai plus vu ni elle ni son petit.

Comme je ne connaissais encore pas trop de monde, je n'ai pas su de suite ce qu'il s'était passé.

Les jours ,les semaines passèrent et je commençais à penser qu'elle avait  du certainement déménager même si je trouvais cela un peu soudain.

Et un matin alors que j'étais à l'épicerie, je la vois, l'air un peu bizarre, perdu. Je lui demande si ça va , si les enfants vont bien, elle me répond d'une voix un peu étrange et lorsque je m'aperçois que son panier n'est rempli que de bouteille d'alcool de toute sorte, je crois avoir fait quelques pas en arrière et faillit prendre la fuite.

Mais qui suis je pour porter un jugement sans fondement ? 

Il se trouve que son air quelque peu étrange venait certainement d'un abus d'alcool important la veille et puis si tôt le matin, j'ai pensé à ses enfants. Comment le vivaient ils ? et Où étaient il ?

A la caisse je l'ai laissé passer la première et pour la première fois j'ai joué à l'espion auprès de l'épicière. Elle m'apprenait alors, que ces enfants avaient été placé mais que cela n'était pas la première fois, qu'elle buvait beaucoup et ce depuis de nombreuses années, qu'elle avait des hauts et des bas.

J'ai eu comme une boule dans mon ventre, ça me faisait tellement de peine et j'étais si en colère aussi contre cette maman.

Mais je ne juge pas ,ce genre de situation peut arriver à n'importe qui. Une ou plusieurs déceptions amoureuses ou professionnelles, la perte d'un être chère, il y a tellement de raison de sombrer.

Je ne vois plus cette maman ni à l'épicerie ni à l'école mais je l'aperçois de temps en temps, elle est toujours seule, personne ne l'accompagne jamais.   Je l'ai vu revu hier soir dans la boutique de réparation de mobile (mon iphone n'a pas aimé le plongeon dans les toilettes), elle ne m'a pas reconnu, moi oui , le même air bizarre et étrange, au moment de passer elle s'est excuser et elle est sortie, lorsque à mon tour j'ai rejoint l’extérieur  je l'aperçu en train de fumer une cigarette, elle m'a regardait et m'a dit : "je ne me sens pas bien, j'ai un haut le coeur", je lui ai répondu : "ah ça arrive" et je suis partie.

Comme je m'en veux d'avoir été aussi conne, sérieusement la réponse qu'elle attendait de moi, ce n'était certainement pas celle-ci mais plutôt un "ça va," "besoin d'aide?" ou fumer une cigarette avec elle et attendre un peu. Mais je n'ai pas pu, je ne peux pas. J'ai peur de ce "monde" de destruction, d'alcool, j'ai fui devant un être qui semblerai ne pas vouloir ou pouvoir sans sortir  mais qui a besoin visiblement d'aide.

J'ai repensé  à tout çà hier soir et ce matin (d'où mon billet) et en y repensant  si j'avais été seule c'est à dire sans mon mari et sans mes enfants je pense que j'aurai été plus loin dans cette relation, mais aujourdhui tout ce que je souhaites c'est juste protéger ma famille, c'est peut - être nul et cela peut être vu comme une mauvaise explication mais j'ai réellement peur de perdre ce que j'ai construit, le monde de l'alcool peut vous entraîner dans des confins vraiment obscurs, je ne sais pas ce qui est arrivé à cette femme, qu'est ce qu'il a amené à sombrer, mais je ne me sens pas capable de l'aider, je ne crois pas avoir en moi la solution.

Parce que quand j'aide quelqu'un je donne vraiment beaucoup et suivant les situations comme celle ci par exemple j'ai vraiment peur de me brûler les ailes et de ne pas être assez forte pour tout supporter. Vous trouvez que je suis pas quelqu'un de bien ?

Ce matin je me sens mal et nulle d'avoir réagis comme çà.

Et vous vous auriez fait quoi ?



21 commentaires:

  1. Je comprends tout à fait ce que tu ressens. Il m'est arrivé de presque laisser ma peau, ma santé mentale, en voulant aider des cas désespérés, et depuis mon attitude est la même que la tienne. Je m'éloigne des personnes qui pourraient être néfastes pour ma vie ou pour ma famille. Je sens les gens à problèmes de loin et j'évite de lier amitié avec eux. Je n'ai pas de réponse à apporter à la question: c'est bien ou mal? Chacun fait avec les ressources qu'il a. Par contre, tout en gardant tes distances, tu peux lui sourire, être aimable, demander des nouvelles de ses enfants, l'écouter pourquoi pas. Mais sans te laisser embarquer. Mettre un stop à un moment donné. Peut-être qu'à force, tu verras mieux si tu peux réellement l'aider. Et puis pour briser sa solitude, il faudrait que cette maman soit soutenue par un groupe, du genre alcooliques anonymes. L'aider à faire le pas si ce n'est pas déjà fait. Le jour où tu te sentiras prête à le faire tu pourras l'y inviter en y allant aussi, juste pour l'accompagner. Ou alors contacter cette association et voir si l'un ou l'autre des membres pourrait l'y inviter à ta place. Mais ne te sens pas obligée de porter la misère des autres sur ton dos, tu as déjà ta famille à gérer et ça prend du temps et de l'énergie. Une petite aide, directe ou indirecte, avec cette personne pourrait être une bonne chose, tant que ça ne t'accapares pas. J'espère avoir pu t'éclairer, même si c'est un sujet extrêmement difficile.

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    1. merci stephix pour ta réponse et tes conseils je penses que cette femme est déjà aidé mais a visiblement du mal à "décrocher" la prochaine fois que je la croise je pense engager la conversation mais en préservant mon espace bizzz

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  2. Disons que si les assistantes sociales et mêmes la motivation de ses propres enfants ne l'aident pas, il y a peu de chance que toi tu y arrives.
    Puis surtout, même si comme toi j'aurais eu envie de l'aider, il y a certaines personnes comme ça qui par la suite sont vraiment très lourdes à gérer, se tourne vers toi quand c'est trop tard juste pour se soulager etc...
    Pour moi ce genre de problème est plus efficacement réglé par un groupe de soutient, un traitement en établissement voire un psy.
    Dis-toi que tu n'aurais pas pu y faire grand chose et que le temps qu'elle t'aurait pris si tu t'étais investi, ça aurait été du temps en moins pour tes enfants.
    Mais quel magnifique article !!
    Bisous

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    1. oui onee chan je pense comme toi et je suis sûre que je ne pourrais pas gérer et merci pour le compliment bizzzz

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  3. Je comprends tout à fait ta position, j'aurais fait pareil, je suis souvent désarmée devant les gens en difficulté , pourtant j'aimerais aider.Mais comme toi j'ai souvent peur de "l inconnu". Je te conseille peut être d'en parler à l'assistante sociale de ta mairie , ils ont des psychologues formés pour ce genre de situation. L'important est que les enfants ne soient pas en danger. Et si tu la revois, un sourire, un petit mot gentil , tu apprendras peut être à la connaitre mieux ou pas car elle n'aura pas envie de se livrer. Merci pour cet article qui nous permet de réflechir à ce genre de situations.

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    1. bonjour corinne je ne connais pas si bien que çà cette personne je ne l'ai pas "cotoyé" assez régulièrement pour en savoir plus, je ne fais que la croisée de temps à autre je pense comme je dis plus que la prochaine fois j'essaierai d'engager la conversation et merci à toi d'être venue donner ton avis bizzzz

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  4. Je pense que j'aurais réagi comme toi...
    Il est déjà très difficile d'aider un proche alcoolique... alors aider un/une inconnue...

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    1. oui tu as raison je vais faire un autre billet plus intime où j'expliquerai pourquoi je ne me sens pas de l'aider merci de ta venue bizzzz

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  5. Non surtout pas..

    Je pense que tu veux protéger ta famille.. :) Et surtout pour pouvoir aider quelqu'un dans une situation comme celle-ci, faut être prête et visiblement tu ne l'es pas..

    Aider une personne comme ça, c'est accepter les rechutes, les rejets, la haine de la personne...

    Tu es une femme au grand coeur.. Non tu n'es pas méchante!!!!

    Bises
    Anne-C

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    1. merci Anne C ton commentaire me va droit au coeur à bientôt

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  6. Je comprends ta peur mais en même temps je ne peux pas m'empêcher de penser que boire n'est pas une maladie dans le sens où ce n'est pas transmissible ; que ce n'est pas parce qu'elle boit que tu vas te mettre à boire aussi si tu lui parle. Si cette femme à sombré et qu'elle n'a personne pour l'aider peut-être qu'elle a juste besoin d'une amie à qui parler... Je crois en une espèce de destinée dans le sens où je pense que, parfois, des choses qui nous arrive nous arrive comme des tests alors peut-être que ta rencontre avec cette femme est un test pour que tu dépasses ta peur ? C'est un peu bizarre comme façon de voir, je sais x) Mais je pense que tu devrais essayer de parler avec elle, après tout si ça t'arrivais (oui, c'est le dernier argument que tout le monde sort tout le temps _ manque cruel d'originalité) tu serais sûrement contente que quelqu'un vienne te parler et puis si ça se trouve elle va arrêter de boire et vous allez devenir super amies ! :)

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    1. bonjour lew, je suis heureuse que mon billet te fasse venir par içi , j'aime l'innocence de ta réponse (ni voit là aucun mauvais jugement), oui je sais que l'alcoolisme n'est pas contagieux (oufff) mais tu vois des épreuves j'en ai eu et pas des plus réjouissantes si je parle de ma peur ne serait ce pas parce que je connais le monde des addictions ? maintenant à 40 ans et maman de 3 enfants je me sens plus dans mon devoir de protection que de sauveteur c'est un peu dur à expliquer comme çà bref pour dire que t'aider quelqu'un qu'il boive qu'il se drogue ou autre il faut se donner à 1000% et je n'en ai plus la force psychologique certainement parce que je connais cette situation pour l'avoir déjà vécu et à un trés jeune âge. je te souhaites une bonne journée

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  7. Etant maman aussi. Je suis de ton avis, Ange-Line.
    Devenir mère t'oblige à avoir certaines responsabilités vis à vis de la famille. Celle de la protéger.

    Ne regrette pas de ne t'être pas attardée auprès de cette femme.

    Cependant, ce que tu peux faire, c'est peut-être l'orienter vers un bon interlocuteur c'est à dire, des professionnels qui ont l'expérience et peut être les moyens d'aider cette mère à s'en sortir ;-) Les professionnels savent faire la part des choses, et séparer vie privée et travail même s'il consiste à aider des gens. Ils savent sans doute plus préserver leur personne et leur famille.

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    1. coucou désolée de répondre aussi tardivement, je regrette ma conduite quand même, j'aurai pu être plus bavarde et demander des nouvelles, si tu lis mes autres réponses tu comprendras pourquoi je ne suis plus apte à gérer ce style de problème merci SP d'être venue participer bizzzz

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  8. Hello!

    Je suis tombée sur ton site par hasard et j'ai bien appréciée ton article et sa sincérité!

    Je travaille dans le social et j'ai déjà travaillé dans une maison d'hébergement pour enfants en situation de danger (donc sûrement le même endroit que là où ont été placés les enfants de cette pauvre dame).


    Comme tu dis, sombrer dans l'alcoolisme ou la dépression cela va très vite, et ça pourrait m'arriver et cela pourrait t'arriver, et c'est sûrement déjà arrivé à plein de personnes qui lisent ce blog, les antidépresseurs faisant parti des médicaments les plus consommés. Alors il faut vraiment faire attention à ne pas rentrer dans le jugement en disant "ces gens à problèmes", "ces cas désespérés" à savoir que personne n'est à l'abri de la précarité, de la dépression, d'une maladie mentale, etc..

    L'alcoolisme est encore sujet à controverse, est-ce une maladie, un symptôme, une attitude? En tout cas pour moi c'est vraiment le symptôme d'un mal profond.

    Bref, pour en arriver qu'il ne faut surtout pas cataloguer les parents dont les enfants sont placé, surtout pas!! J'ai connu une dame qui est schizophrène, c'était la maman la plus gentille que j'ai pu rencontrer, mais lors de ses crises elle s'en prenait à ses enfants, ça devenait dangereux pour eux, ils ont été placés. J'ai eu le coeur brisé quand j'ai vu son fils de 5 ans partir de chez elle et venir chez nous, il pleurait toutes les larmes de son corps et la maman aussi. De plus ces enfants étaient mais genre HYPER bien éduqués, super polis, super gentils, des amours. Bref.


    En ce qui te concerne, honnêtement, je montrerai mon intérêt pour cette dame, mais sans en faire trop car comme tu dis, il faut être vraiment hyper fort pour faire face à ce genre de situations seule. Montre lui que tu es là, que tu veux bien passer quelques minutes avec elle, mais en mettant des limites toujours car ça peut vite déraper. Ne la juge jamais, ne rentre pas en conflit avec son système de valeurs (on en a toutes un différent), souris lui, raconte lui des choses joyeuses, demande lui de te parler de ses enfants etc..

    Tu sais, quand on travaille avec ces personnes malades, on est TOUJOURS en équipe, on a une ligne de conduite, un projet, rien n'est fait au hasard car le mental d'une personne est vraiment très compliqué et ça peut vite s'empirer. De plus tu pourrais regretter, dire quelque chose qui aura l'effet inverse désiré etc..
    Moi même je suis rentrée de nombreuses fois du boulot sans appétit et sans sommeils car j'entends et vis des histoires atroces et pourtant c'est mon métier!
    Donc non ne culpabilise pas, fais de ton mieux mais dans la limite du possible, tu sais, tu as répondu à cette dame quand tu es sortie du magasin :) il y a plein de gens qui l'auraient ignorée ou qui l'auraient insultée!


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    1. bonjour Charlotte et merci pour tous ces conseils,. je t'admire de faire un métier aussi passionnant même si comme tu me l'expliques cela ne doit pas être amusant tous les jours. Je n'ai jamais jugé cette personne ni aucune d'ailleurs, je n'aime pas "étiquetter" sans connaitre et sans savoir non plus. Je ne suis pas ou plus assez forte car je connais ce milieu pas que cela me soit arrivé mais une personne trés proche a eu ce problème et je sais tout ce que cela implique et je connais la douleur, le chagrin, et les questions sans réponse face à cette addiction, c'est pour cela que je me sens tellement inapte à aider d'autres personnes qui souffre d'alcoolisme. Merci de t'être attardé sur mon blog et je te souhaite bonne continuation dans tous tes projets professionnels et familiales. bonne soirée

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  9. Cette situation n'est pas facile et on ne trouve pas toujours les mots. Essaie peut être de lui soumettre des organismes pouvant l'aider ou simplement lui rendre visite. Mais ne culpabilise pas tout le monde aurait fait pareil et ton billet prouve que tu te soucie d'elle :-) bonne soirée!

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    1. merci petite bulle (j'aime beaucoup ce pseudo) de ton chaleureux commentaire oui la prochaine fois que je la croise j'essaierai d'engager la conversation, je ne sais pas où elle habite maintenant, je pense qu'elle doit être pris en charge puisque si on lui retirer ses enfants les services sociaux ont du lui soumettre une thérapie maintenant je ne peux dire si elle est toujours suivie, je verrai la prochaine fois merci d'être venue par içi bonne soirée

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  10. Il y a parfois des situations qui nous font peur, on a tous à un moment quelque chose qui nous effraie. Et les autres en sont généralement la cause.

    Pourtant, laisser quelqu'un dans un désespoir profond juste pour mon petit confort je ne le pourrai pas. Si un jour je devais apprendre que cette personne s'est suicidé (dans le pire des cas), je m'en voudrai à vie, juste parce qu'à un moment donné, on m'a donné la chance de l'aider, mais que moi, par égoïsme pur, juste par peur d'y laisser trois plumes quand elle avait déjà tout perdu, je n'ai pas osé aller vers elle. Et je m'en voudrai terriblement. Peu importe le lien qui me lie à cette personne.

    Mais les gens sont différents, je n'ai pas de famille à protéger, peut être que cela influe sur ce que je pense ...

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    1. bonjour et merci d'être passée par içi, je n'ai pas peur d'aider les gens qui en ont besoin pour mon petit "confort", je te rassure que je ne fais pas partie des matérialistes mais seulement car je connais ce milieu qu'est l'alcoolisme et que je sais quelle tournure cela prend lorsque l'on aide un alcoolique, cette femme là ne fait pas partie de mes amies ni de ma famille si cela avait était le cas je n'aurai aucunement hésiter (d'ailleurs il y a bien longtemps je n'ai pas eu le choix que de subir cette addiction) et c'est vrai que dés lors que l'on est plus seule, surtout lorsque l'on a des enfants notre vision des choses sont totalement differente afin tu verras ;o) merci en tout cas de ton avis je te souhaite une bonne soirée

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  11. CA ne m'étonne point de toi mon Ange. Invite-là à prendre un petit thé .... des fois ça brise la glace. Moi j'dis qu'il n'y a pas de rencontres fortuites. Allez gros bisous et suis ton coeur ...

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