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20 sept. 2012

Jeu d'écriture : Brève de comptoir







Dans un café, avant l'ouverture des Halls deux maraîchers au caractère bien trempé discutent.

- Tiens René, sers moi donc une ptite prune, et sers en une à mon ami Maurice.

Maurice qui se trouve en bout de comptoir se rapproche avec une nonchalance qui ne laisse pas indifférent son compère.

- Eh bien c'est pas la forme ce matin , c'est la Simone qui t'a donné du fil à retondre ?

- Laisse ma femme tranquille , vieux débris, et occupe toi donc de tes artichauts, dit il en regardant l'irrégularité des noeuds du bois du comptoir.

- Mes artichauts tu sais ce qu'ils te disent, répond Gaston en buvant la totalité de sa prune, ils te disent d'aller  faire un tour du côté du laboratoire,  l'embauche du nouveau toubib fait rumeur au village, un truc me dit que tu comprendras pourquoi ta Simone, elle est bizarre

- Veux tu me foutres la paix ou je te fais bouffer mon étal .

- Ton étal, il est vide, comme le reste d'ailleurs. en pointant son index en direction de la tête de Maurice

- Quoi le reste,? qu'est ce que tu insinues par "comme le reste" ?
   
- Quand on a une femme qui atteint la quarantaine et qui est belle et sauvage comme une fleur des champs, faut pas la laisser seule trop longtemps,faut pas la laisser filer, faut la mettre au chaud dans un écrin, et pas lui donner le loisir de se pavaner au milieu des hommes qui ne comprennent rien au jardinage, mais toi mon pauvre Maurice tu vois rien , tu comprends rien on a beau tous te mettre en garde mais t'as la persévérance d'une limace et l'intelligence d'une mouche alors ....

-  alors !!alors!! tu veux quoi ? que je l'enferme dans un sérail ma Simone ? moi je veux qu'elle respire ma fleur, qu'elle prenne le soleil, qu'elle montre comme elle est belle et comme elle m'aime, toi Robert, elle est où ta femme, hein ?? ah mais t'as n'as pas et t'en auras jamais, avec ta gueule de poivrot et ta bêtise plus grosse qu'une éruption volcanique. Réflexion faite t'es un obstacle à l'amour mon pauvre Robert.

- L'avantage de discuter avec toi Maurice, c'est qu'on passe toujours un sacré bon moment de franche rigolade.

Maurice qui en a assez entendu monte sur le surplomb du bar afin de dépasser d'une tête son ennemi, léve son poing en direction du nez de son antagoniste, le coup part . Il loupe sa cible et se retrouve allongé par terre. Robert qui rit à s'en décrocher les mâchoires, s'avance vers Maurice, lui tend la main et dit :

- Allez sans rancune mon ami, c'en est fini pour aujourd'hui de ces querelles de soûlards, allons prendre place derrière notre étalage et mettons  notre collaboration en route pour affronter les vieilles bigotes du village. 

Et tout  en rejoignant leur place on pouvait entendre Robert :

- Et tu savais toi que la femme du boulanger fricotait avec le primeur, celui de la place de la mairie

- Ah non, c'est avec le boucher de la rue de la Ziggourat

- t'es sûre ?

- Crois moi, j'ai p't être pas de bourgeoise, mais les femmes des autres ça me connait.






Voilà ma deuxième participation au jeu d'écriture proposé par Olivia Billington.

Les mots en gras sont ceux donnés dans la liste.


20 commentaires:

  1. Cultivé le Maurice,il connaît le mot sérail.

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  2. Un texte très sympathique. On s'y croirait ! Je parviens sans peine à visualiser les deux protagonistes de l'histoire :-)

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  3. J'ai adoré ce petit dialogue à l'accent très franchouillard mdr!!!
    Merci!!!
    Bon week-end
    Domi.

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    1. bonjour,
      c'est gentil merci
      bon week end à toi aussi

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    1. merci beaucoup je me suis bien amusé à l'écrire bonne soirée et merci d'être venue

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  5. De la prune avant l' ouverture des Halles ??? Tss tss tss.. Est-ce bien raisonnable ???

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    1. oh oui c'est rien ça une ptite prune à 5 h du matin c'est juste le disgestif, avant y a un saucisson-pain-de campagne et gros rouge ;o)

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  6. Valentyne (écho des ecuries)21 sept. 2012, 21:59:00

    Truculent ce dialogue :-)
    Il ne faut cependant pas sous estimer la persévérance des limaces :-)

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    1. oui pardon mais je n'avais que çà sous la main (et dans ma salade) ;o)

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  7. c'est chouette et tendre à la fois, on a l'impression de les entendre
    et puis le choix des prénoms, cool, les plus utilisés je crois hein?



    dans les années 30?
    merci

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    1. merci patchcath et bienvenue, c'est surtout un petit clin d'oeil quand je tenais l'auberge du village et que les agricultures venait à 7 h du matin boire une prune ou une poire (je te dis pas ma tête) mais pour eux la journée avait commencée déjà depuis plusieurs heures, merci d'être passée à bientôt

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  8. Merci pour le morceau d'ailleurs et d'un autre temps que tu nous offres ici... J'y étais !!!

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  9. Dans, tous les cafés du monde,les matins se ressemblent,les
    hommes noient les dernières heures de la nuit,et leurs rancoeurs, pour mieux rebondir à la première lueur du jour.
    Ce dialogue est très bon, agréable à lire , merci.
    Bonne journée!

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    1. merci à toi c'est trés gentil tous ces compliments me donnent envie de continuer et surtout de m'améliorer bonne journée

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